Depuis 2018, Aurélie Brousse et Jeanne Debarsy forment un duo de créatrices sonores franco-belge à l’origine du collectif d’artistes féminines WE LO(U)VE RADIO. Avec ce collectif polymorphe, Aurélie et Jeanne étendent “le sonore” à la performance et l’installation in situ. Elles interrogent les codes et dispositifs radiophoniques et sonores avec un point d’ancrage : le corps humain, son objectivation.
Toutes deux formées à la réalisation radiophonique en Belgique, elles ont développé des pratiques sonores hybrides entre fiction et documentaire, diffusion radio live et podcast, ou encore séance d’écoute et performance. A chaque création, elles invitent d’autres artistes féminines à les rejoindre et collaborer pour proposer aux auditeur.ices, spectateur.ices de faire écoute commune, de construire un corps sonore et de plonger dans les mots, les voix et les univers de sons « invisibilisés », « inaudibilisés », qu’ils ignorent.
Symbole d’une déclaration d’amour collective et féminine au médium radiophonique, à son langage, à ce qu’il représente. Le collectif conçoit avant tout ses projets comme un moment d’écoute privilégiée et de rassemblement.
Aurélie Brousse a de grands yeux pour guetter les oscillations des ondes, de grandes pattes pour parcourir forêts et plaines et de grandes oreilles pour mieux laisser les sons du monde résonner en elle. Solitaire, elle a écouté les secrets du sable qui coure les dunes du grand désert et a rencontré les vents hurlants des nuits granitiques, avant d’adopter une meute qui partage son goût des souvenirs sonores, des paysages bruissants et des précipices de silences. Avec les louves amies, elles écoutent les autres pour mieux comprendre leurs mots, mieux les retransmettre. Elles ouvrent leurs grandes oreilles pour offrir des récits sonores, de ce monde rond et fini, riche et plein, vivant. De cet environnement si différent, à ceux qui veulent bien écouter ses murmures, des images usées d’un monde morcelé, bavard et pourtant muet.
Jeanne Debarsy s’aventure silencieusement dans les forêts denses, grouillantes de voix et de bruissements mystérieux. Le pas lent, les oreilles tendues, l’allure souple, l’épiderme frémissant, elle avance furtivement entre fougères soyeuses et ronces féroces pour approcher sa prise. Il faut du nez et de la patience pour opérer, s’écarter de la meute bruyante, s’aventurer en solitaire, laisser ce qui a été et s’ouvrir à ce qui est... Saisir l’instant fragile car elle sait que c’est là où se logent les saveurs. Alors, cueillir du bout des oreilles les sons cernés, les laisser mijoter doucement au fond de la tanière, les polir et les sculpter avec les louves alliées. Et enfin, quand la meute curieuse et assoiffée de nouveaux sons accepte l’invitation, se régaler de ce festin.